jeudi 9 octobre 2014

Irak : dur dur d'être un hélico (billet)

L'arme spéciale de ceux qui cherchent à stimuler la réflexion de leurs congénères, le Yaka, a encore
frappé : pouraccélérer la chute d'EI, les frappes aériennes ne servent à rien, Yaka envoyer les hélicoptères faire le job, comme en Libye et au Mali.
Disons-le tout net, c'est malheureusement bien plus compliqué, même en regardant cette phrase enthousiaste sous toutes ses formes.
Rappelons qu'en Libye, les plus lucides dans l'armée de terre -dont le propre chef du GAM- s'attendaient à perdre un à deux hélicoptères par mission. Et qu'au final, si tous sont revenus, un certain nombre d'entre eux se demandent encore comment cela a pu arriver. Rapporté au nombre de sorties et aux précautions tactiques qui avaient été prises par le même chef, cela peut malgré tout s'entendre.
Au Mali, la baraka n'était déjà plus de sortie. Contre une armée nettement moins équipée, l'armée de terre a perdu temporairement (et pour un bout de temps) ou définitivement une dizaine de machines en quelques semaines, tout autant du fait de l'environnement (mais il y a aussi des vents de sable, du sable et de l'air à chameau en Irak) et de causes techniques que du feu ennemi (1). Point besoin forcément de 23 mm ou de missiles SA-7 pour arriver à ce résultat. Même si les fouilles ont permis de retrouver plus d'une dizaine de SATCP, pas tous en état de marche.
En Irak, la problématique est un peu différente. Outre le sable et l'herbe à chameau, les djihadistes d'EI ont pour eux des stocks d'armements plutôt diversifiés, récupérés en Syrie, mais aussi dernièrement en Irak. Et l'aide américaine avait été généreuse.
Tout est évidemment possible, mais il n'est pas exclu que l'un des missiles récupérés dans ces arsenaux a sans doute aidé à la perte d'un Mi-35 irakien, le 3 octobre dernier. Un Bell aurait également rallié le sol brutalement, depuis. Le gros avantage du chasseur est qu'il est conçu nativement pour lutter contre ce genre de menaces, et vole en plus à des altitudes où il est hors de la portée de la plupart des armes de ce type dont dispose EI.
Et dans un hélicoptère au ras du sol, on ne voit pas forcément mieux qu'un chasseur au FL120. Le tir adverse y est en plus nettement plus efficace.
Certes, on peut arguer que l'on dispose avec le Tigre d'un hélicoptère très bien autoprotégé (2), mais le seul modèle qui vaille, pour l'Irak, c'est le HAD. Or, l'armée de terre n'a pas de quoi en envoyer sur deux théâtres, et c'est plutôt à la Centrafrique que cet appareil semble promis à court terme. En espérant qu'il n'aille pas y tirer trop de Hellfire car les stocks ne sont vraiment, vraiment, vraiment pas épais. Messieurs les Centrafricains, pitié, ne fâchez pas le Tigre !
 
(1) L'armée de terre a perdu un de ses pilotes de Gazelle, le commandant Damien Boiteux, chef de bord au 4e RHFS. Un autre pilote de Gazelle, le lieutenant Mathieu Gaudin, était déjà mort en Afghanistan, en juin 2011.
(2) troué de 26 impacts, un Tigre a ramené à sa base son binôme de pilotes, au début des opérations dans l'Adrar.