samedi 26 avril 2014

Comme pendant la guerre froide, avec 50% de moyens en moins

La France va peut-être devoir requérir plus vite que prévu aux sanctions extrêmes contre la Russie (dont le
blocage du contrat BPC), si on s'en réfère au nouveau cran verbal pris ce matin par le G7, dont l'Elysée vient de transmettre la déclaration (lire ci-dessous le texte intégral).
Rappelons que d'ores et déjà, RTD a mis entre parenthèses sa coopération et la perspectives de contrats avec le gouvernement russe. Et que donc, la France va peut-être se retrouver avec deux BPC sur les bras, des navires dérivés de ceux exploités par la marine française, mais adaptés à la réalité russe.
Sur le plan militaire, la France devait envoyer ce samedi un avion logistique de l'armée de l'air pour préparer l'arrivée en Pologne des quatre Rafale, lundi.
Il y a quinze ans, les confecteurs de budget commençaient sans tarder à tirer les fameux dividendes de la paix, après la chute du Mur. A l'époque, l'armée de l'air alignait 550 chasseurs, c'est moitié moins aujourd'hui. Mais il faut toujours entre deux et trois ans pour construire un chasseur, et le temps de formation d'un pilote de chasse ne s'est pas non plus raccourci. Les taux de disponibilité sont à peu près la traduction de l'argent qu'on investit sur le sujet. Je n'ose détailler.
L'équivalent d'un escadron de Rafale a été sucré dans la dernière LPM.
Et malgré la polyvalence désormais bien connue du Rafale, on voit mal comment l'armée de l'air pourrait aujourd'hui en mobiliser une grosse quarantaine en opération extérieure, en cas de crise grave (1). Puisque par ailleurs, et comme déjà expliqué ici, des Rafale sont impliqués, au quotidien, dans la mission permanente de dissuasion et de police du ciel, depuis la France. Trois autres appareils des FAS sont déployés en Afrique depuis quelques jours, et six autres nourrissent la coopération avec les EAU. Avec les quatre appareils de Pologne (2), ce sont donc 13 Rafale qui opèreront hors des frontières, et dont il faut aussi prévoir, en cycle, la relève. Le casse-tête continue...

(1) une fois n'est pas coutume, et comme au début de la Libye, tout le monde ne se précipite pas pour venir durcir le discours et les moyens militaires, à l'est. Pour l'heure, seuls le Canada, les Etats-Unis, le Danemark, la Grande-Bretagne et la France ont offert des moyens supplémentaires. 
(2) on peut imaginer que le déploiement français va bénéficier d'une belle couverture média, on n'imaginait donc pas les prospects du Rafale voir, à la place, des Mirage 2000 plus anciens... Comme les avions sont précieux, les monoplaces présents en Afrique ont été relevés par des biplaces des FAS, afin de pouvoir répondre à la sollicitation nouvelle créée par la situation en Ukraine.

Voici l'intégralité du texte rédigé par le G7 :
"Nous, chefs d’Etat ou de gouvernement de l’Allemagne, du Canada, des Etats-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni, président du Conseil européen et président de la Commission européenne, unissons nos voix pour exprimer notre vive préoccupation face aux tentatives incessantes des séparatistes soutenus par la Russie pour déstabiliser l’Est de l’Ukraine et notre engagement à prendre de nouvelles mesures pour assurer un environnement pacifique et stable pour les élections présidentielles du 25 mai. Nous accueillons les mesures positives prises par l’Ukraine pour remplir ses engagements dans le cadre de l’accord de Genève du 17 avril entre l’Ukraine, la Russie, l’Union européenne et les Etats-Unis. Ces actions consistent notamment à travailler à une réforme constitutionnelle et de décentralisation, proposer une loi d’amnistie pour ceux qui quitteront dans le calme les bâtiments qu’ils occupent dans l’Est de l’Ukraine et apporter un soutien au travail de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Nous relevons également que le gouvernement ukrainien a agi avec retenue vis-à-vis des bandes armées qui occupent illégalement des bâtiments officiels et qui établissent des points de contrôle illégaux. A l’inverse, la Russie n’a pris aucune mesure concrète pour appliquer l’accord de Genève. Elle n’a pas soutenu publiquement l’accord, ni condamné les agissements des séparatistes cherchant à déstabiliser l’Ukraine, ni appeler les militants armés à quitter dans le calme les bâtiments officiels qu’ils occupent et à baisser leurs armes. Au contraire, elle a continué à faire monter les tensions par une rhétorique de plus en plus préoccupante et des manœuvres militaires en cours à la frontière ukrainienne. Nous réitérons notre ferme condamnation de la tentative illégale de la Russie pour annexer la Crimée et Sébastopol, que nous ne reconnaissons pas. Nous allons continuer de tirer toutes les conséquences juridiques et pratiques de cette annexion illégale, y compris -mais sans s’y restreindre- dans le domaine économique, commercial et financier. Nous sommes donc convenus d’agir rapidement pour imposer de nouvelles sanctions à la Russie. Devant l’urgence d’assurer les conditions de succès pour un vote pacifique et démocratique le mois prochain aux élections présidentielles ukrainiennes, nous nous sommes engagés à travailler de toute urgence pour renforcer des sanctions et des mesures ciblées pour accroître le coût pour la Russie de ses actions. Les actions de la Russie en Ukraine et la réponse de la communauté internationale ont déjà eu un coût significatif pour son économie. Alors que nous nous apprêtons à prendre des sanctions coordonnées et plus étendues, y compris des mesures sectorielles si les circonstances le justifient, comme nous nous y sommes engagés à La Hague le 24 mars, nous soulignons que la voie reste ouverte pour une résolution diplomatique de cette crise, sur la base de l’accord de Genève. Nous pressons la Russie de nous rejoindre en s’engageant dans cette voie."