dimanche 13 octobre 2013

Centenaire de 14-18 : doublé d'Albin Michel

Après le livre de Thomas Goisque consacré à l'Afghanistan, l’éditeur Albin Michel a sorti coup sur coup
deux livres consacrés à la première guerre mondiale, à l’aube d’une année de commémorations. Si je n’ai pas encore eu le temps de me plonger dans le pavé qui se veut un carnet du centenaire à venir, j’ai trouvé le concept du plus petit des deux assez étonnant.
C’est le fac-similé d’un carnet de croquis réalisés par l’artiste Renefer, avec les poilus, dans les tranchées. On découvre, dans ce carnet aux dimensions de celui de l’artiste, les reproductions de ce qu’il a vu, et les notes qu’il a prises, à l’époque, pour légender ce travail, dans lequel il s’adresse parfois à sa fille.
Il consacre un dessin aux officiers avec cette légende : « Eux, tu le devines, ce sont les officiers. Oh ils sont très chics, mais cela ne les empêche pas de bien faire leur devoir. Seulement, voila, ils ont beaucoup plus de brosses que nous autres et forcément, ils sont plus propres ».
Plus loin, ce sont les marins ont impressionné l’artiste, ceux de la brigade Ronarc’h qui s’impose à Dixmude. « Il y a aussi les marins. Ce sont des gens terribles ! Quand ils ne se battent pas sur mer, eh bien, ils se battent sur terre. Malheur aux ennemis qui les approchent. Les Boches en ont conservé un bien mauvais souvenir des bords de l’Yser, petite rivière qui coule en Belgique ».
Sinon, impossible de ne pas relever la légende de ce croquis : « On a bien les journaux, mais on les envoie au diable, parce qu’ils racontent trop de balivernes ». Et ce passage, qui me semble le plus fort : « Helas beaucoup de nos petits soldats dorment pour toujours dans la terre de France. Les petites fleurs poussent sur leurs tombes et les décorent. Les bleuets et les marguerites et les coquelicots les couvrent de mille petits drapeaux. Comme celui pour lequel ils sont mors : le drapeau français. Quand tu seras grande et que tous les ans on fêtera la gloire et la bravoure de nos soldats, tu penseras à toutes ces petites croix éparses dans les champs, elles sont le gage de ton bonheur à venir, et dans l’ame éternelle de tous ces héros retentira ta pensée de bonne et belle petite française ».
A 33 ans, la « petite » française décida de s'engager dans la Résistance, en mai 1944.

- Renefer, Carnet de Poilu, leur vie racontée aux enfants par Renefer.
- André Loez, Nicolas Offenstadt, La grande guerre, carnet du centenaire, co-édition avec France Inter et la mission Centenaire 14-18.