dimanche 13 janvier 2013

Somalie : comment la DGSE a procédé

C'était un ressenti largement diffusé au sein de la DGSE : la précédente administration n'avait pas fait sa priorité de la libération de Denis Allex. Les faits sont là, la nouvelle équipe a mis de gros moyens dans la tentative réalisée cette semaine en Somalie.
Mon confrère Jean Guisnel, souvent bien informé sur les questions de renseignement, livre sur son blog le scénario de la tentative de libération de l'otage, dans la nuit de vendredi à samedi. Il affirme que les opérations ont été menées depuis le BPC Mistral, qui avait il est vrai disparu du scope depuis décembre, accompagné par la frégate Chevalier Paul, dont nous avions évoqué ici les dernières activités. 
Selon mon confrère, six hélicoptères ont été mis en vol pour lever et appuyer une cinquantaine de commandos.Un chiffre qui semble important, si on le rapporte au nombre de HM (quatre) et à la possibilité de perdre des hélicoptères dans ce genre d'opération. Pour ma part, je restais plus fixé sur une trentaine d'opérateurs, le chiffre de 50 pouvant comprendre les équipages.
Il confirme la présence de Tigre -ils étaient deux- et de Caracal que j'avais évoquée hier. Le GAM-56 Vaucluse ne détenant pas suffisamment d'hélicoptères Caracal, il a dû en prélever, vraisemblablement à Cazaux, car l'autre exploitant de Caracal, le 4e RHFS est mobilisé, lui, au Mali, avec au moins trois engins. L'EH 1/67 Pyrénées maintient pour sa part encore un engin à Kaboul, sur les six qu'il détient.
Le même 4e RHFS a cependant vraisemblablement fourni des équipages, ainsi que les deux Tigre.
Cette opération, sur laquelle plane encore de très nombreux secrets, est cependant une première, pour une libération d'otage, mobilisant à la fois la DGSE, les forces spéciales et les forces conventionnelles. Comme on le craint souvent, cette interaction des trois communautés ne semble pas avoir posé de problème particulier parce que chacun a sans doute dû rester dans son secteur.
La marine confirme à la fois ici sa capacité à jouer au centre des opérations spéciales et clandestines avec un BPC, son véritable couteau suisse. Un tel scénario avait déjà été joué au large de la Corse pendant l'exercice Demetrios en 2011 : c'était quelques semaines avant le début des opérations en Libye. Tandis que le BPC Tonnerre était resté, lui, tapi en haute mer pendant les évènements de Côte d'Ivoire, toujours en 2011. Sa présence discrète avait notamment permis d'effectuer des relèves et des ravitaillements en moyen, tout en conservant, à l'abri des regards, une force de réaction rapide si la France avait perdu le contrôle à Abidjan.