dimanche 3 janvier 2010

Gooooooooooooooooooooooooood morning Surobi !


Révélée par le Figaro avant Noël, Radio-Surobi est devenu une des attractions du déplacement d'Hervé Morin en Afghanistan. Radio-Surobi touche 140.000 âmes, comme l'explique ma camarade Valérie Crova (1) et emploie trois afghans payés 500 euros par mois (une fortune pour un local), sous la supervision d'un réserviste français, par ailleurs journaliste indépendant. Le registre est ouvertement axé sur l'information service et la musique. Comme pour démontrer que ce n'est pas un outil de guerre psychologique (chacun croit ce qu'il veut, en la matière), on promet déjà que la radio déménagera prochainement en ville. Quand les conditions de sécurité le permettront, en somme...

Le + du Mamouth :
Il était temps, en quelques sorte, puisque les Néerlandais avaient déjà mis en place leur radio (Oruzgan FM), comme les Allemands, les Américains, les Britanniques, etc... Et quoiqu'on en dise, il fallait contrer la propagande insurgée par un mass média. Internet aurait été idéal, mais on manque d'ordinateurs, en Surobi. Reste à trouver les postes radio, pour que les habitants du district entendent la "bonne parole." Et à développer la petite soeur, en Kapisa, où les 300.000 habitants ne sont manifestement pas tous des grands amis de la France. Mais le grand nombre de vallées ne simplifiera pas le travail de transmission des ondes, comme nos spécialistes en télécom s'en sont déjà rendus compte.

L'autre + du Mamouth :
Il est difficile de ne pas faire le parallèle avec les expériences menées plus tôt dans les armées. J'en rappellerai deux , Accord FM et Azur FM, et en développerai, une, la deuxième. C'était au bon temps des appelés, et on avait donc fait appel à des appelés sortant d'école de journalistes (la plupart ont d'ailleurs fait une brillante carrière ensuite). Le tout était supervisé à Sarajevo par une équipe militaire réduite, avec une base arrière qui jouait à Paris le rôle dévolu dans "Good Morning Vietnam" aux deux frères jumeaux : la cens... pardon, la stratégie éditoriale. L'idée ne manquait pas d'avant-gardisme pour l'époque, et certains conservent d'ailleurs un souvenir ému de tous les tracas que la hiérarchie et le réglement se chargèrent de générer. Entre autres, on mit en avant des raisons médicales, d'assurances, de tenue de nos appelés. Et sans doute, comme on dit dans l'armée, on risquait que cela "parte en sucette". Au final, l'expérience aura été grandement concluante, pour les soldats français qui gardaient ainsi un lien quasi charnel avec le pays -c'était le début du welfrare en quelque sorte- grâce aux dédicaces musicales tout en établissant des ponts avec les communautés locales. Dernière anecdote, si mes souvenirs sont bons, et avec le sens de la parcimonie qu'on lui connaît, le ministère avait racheté un émetteur à Fun Radio...

(1) son sujet est ici :
http://www.france-info.com/monde-asie-2010-01-03-quand-l-armee-francaise-finance-une-radio-en-afghanistan-387342-14-17.html
Notre photo : des spécialistes du coy de guerre psychologique (psy ops) du 2/87 effectuent une distribution de postes radios dans la célèbre vallée de Tangy, en Wardak (photo DoD).