jeudi 3 décembre 2009

L'armée de terre plus royaliste que le roi

L'armée de Terre diffuse depuis quelques semaines un guide sur la communication en opérations, comme ce blog l'avait évoqué, à l'été. Le document se veut en référent sur les usages à observer avec les journalistes et comme tous les documents généraux qui s'appliquent aux situations particulières, n'échappe pas à certains écueils ou simplifications, que j'ai pu évoquer ce matin directement avec les intéressés. Entre autres, une vision proche de l'image d'Epinal, mais pas toujours de toutes les réalités de la profession.
Bref, les reproches que les militaires adressent souvent à la presse valent aussi pour ce guide, qui a cependant le mérite de ne pas laisser dépourvu le militaire, sans considération de grade (1). C'est la première fois qu'une armée confectionne un guide de ce type, pour des personnels hors filières communication : document précurseur évidemment lié aux préoccupations afghanes, entre blogs dithyrambiques, productions "youtubiennes" non contrôlées et recadrage de "pipelettes" par le CEMAT.
Par ailleurs, une phrase importante (quoique partiellement exacte) est écrite, en toutes lettres : "tout journaliste doit posséder une carte de presse mais n'importe lequel peut traiter de sujets militaires sans être pour autant accrédité défense". Une phrase qui a une double importance : cette fameuse accréditation est totalement tombée en désuétude, faute de combattants, chez les journalistes : c'est bien de le rappeler, certains croyant encore qu'on ne peut pas travailler sans cette fameuse accréditation. Par contre, j'y vois l'engagement (louable et utile) de l'armée de Terre à s'engager à ne travailller qu'avec des journalistes professionnels : c'est bien, cela évite les amalgames. Un exemple à suivre dans tous les recoins du ministère, où cette notion-même de journalistes professionnel a parfois du mal à passer : pour suivre d'autres ministères, la Défense est bien le seul où cette confusion existe.

(1) les officiers supérieurs ont droit à un guide, les officiers subalternes, un simple dépliant au format calculatrice, et tous les autres, une carte recto-verso donnant les actes réflexes visi-à-vis du journaliste et de la protection du secret des opérations.

Le + du Mamouth :
Malgré une défiance chronique envers les journalistes, les militaires ont cependant très tôt reconnu les mérites de la presse de proximité. Un vieux dicton en cours chez les artilleurs, dont je ne me souviens pas des termes exacts, affiche tout l'intérêt de la profession : pour connaître les résultats d'un tir, il faut acheter le journal du lendemain. Aujourd'hui, on dirait : dans le blog, sur internet, dans quelques minutes...