vendredi 4 septembre 2009

Kaboul-Nijrab : le danger potentiellement partout

C'est une évidence en Afghanistan, et particulièrement en zone française, la quasi-totalité du ravitaillement passe par la route. Ce n'est pas qu'une question de manque d'hélicoptères, comme on pourrait le déplorer facilement du prime abord : certains matériels, rechanges et consommables ne peuvent tout simplement passer que par la route. La seule chose que l'on pourrait améliorer, c'est de faire partir une plus grande partie de ce fret de Bagram, au lieu de Kaboul, ce qui gagnerait presque la moitié du trajet (et, partiellement, des risques). Seulement, Bagram est déjà notoirement embouteillé (1).
Selon le volume de fret nécessaire, le nombre de convois varie d'une semaine à l'autre. Tous ne bénéficient pas d'une ouverture par la C-IED : elle peut être motivée soit par la valeur du convoi (armements particuliers par exemple), soit un renseignement particulier sur un ciblage par les insurgés.
Le trajet entre Kaboul et la FOB de Nijrab représente entre 3h 30 et 4 heures si le trajet est dégagé (entre 15 et 30 minutes en hélicoptère selon le trajet et l'allure), et si, évidemment, il n'y a pas d'attaque. Le trajet entre Bagram et Nijrab représente la moitié de cette durée, avec plusieurs passages difficiles. Visibles, dans les montagnes qui bordent la route, des postes de tirs insurgés, difficiles à dater .
Cette route est d'une qualité inégale : on est dans l'avant dernier pays le plus pauvre du monde, ravagé par 30 ans de guerres. Parfois goudronnée, le grand luxe pour l'Afghanistan. Parfois une simple piste où ne passe qu'un véhicule de front. Parfois, une épave de T-62, ou de véhicule blindé époque soviet. Un avertissement sourd : en général, les Afghans se juchent dessus. Certains vous invectivent, d'autres vous saluent, amicalement, en voyant le drapeau. Parfois, des cailloux suivent l'invective ou le salut.
La priorité est justement d'améliorer la qualité du passage, et de temps à autre, des cantonniers s'acharnent à élargir, consolider, bitumer...
Chaque départ est précédé d'un long briefing rappelant la conduite à tenir en cas de panne (c'est régulier), d'attaque. On estime qu'un véhicule immobilisé plus de 15 minutes sera attaqué dans la foulée : ce sont les statistiques du théâtre. Interdiction aussi de scinder le convoi, aussi. La logistique, c'est un métier, décapité dans les dernières restructurations (un des deux brigades dissoutes) mais toujours en première ligne.
Comme ce blog le rappelait cet été, les "tringlots" du BCS, basé à Kaboul font la route sans tambour ni trompette, avec un matériel parfois d'un autre âge. Mais une partie de ces convois, notamment ceux entre Bagram et les FOB de Kapisa, sont effectués par la CCL du GTIA Kapisa.
Avec l'ouverture d'une deuxième axe, qui transite par la Surobi, zone française au coeur de la logistique civile et militaire de l'est afghan, on devrait voir les flux s'améliorer dans les mois qui viennent. A moins que les insurgés ne s'en mêlent.

(1) pour y loger trois drones et une quarantaine d'aviateurs français, on a dû tout simplement déloger des militaires asiatiques qui devaient s'y installer. Le m2 est particulièrement courru...

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