vendredi 10 avril 2009

Tanit : quatre otages saufs, le skipper tué




Les commandos marine français -notamment des membres du commando Hubert- ont pris d'assaut en fin d'après-midi le voilier breton Tanit, au large de la Somalie. Cette reprise de vive force a permis de libérer quatre otages, dont l'enfant de trois ans, retenus depuis le 4 avril par des pirates somaliens. Par contre, le skipper du voilier, Florent Lemaçon est mort des suites de la fusillade.
Deux pirates ont par ailleurs été tués, trois autres ont été capturés. Tous ont été rapatriés à bord d'une frégate française qui "filochait" le voilier depuis des dizaines d'heures, avant de lui "barrer le T". Le président Nicolas Sarkozy a annoncé ce soir qu'il accueillerait lui-même ces quatre Français à leur retour en métropole.
Hervé Morin invoquait ce soir l'urgence de la situation, dans des termes plutôt troublants : "les écoutes montraient un durcissement de la position des pirates, qui évoquaient de manière plus insistante l'exécution des otages et la destruction par explosifs du bateau et leur volonté inflexible de se rapprocher de la côte".
Par principe, les commandos marine, comme toutes les forces spéciales, ne détaillent jamais leurs protocoles, et n'hésitent pas à jeter un habile écran de fumée sur ces derniers. La vidéo livrée de l'intervention du Ponant était par exemple un très subtil montage, sensé accréditer une version, et bien camoufler ces mêmes modes opératoires.
On ignore donc encore les détails de la séquence finale,et de la mort du skipper : Hervé Morin a promis une enquête, dont les résultats seront rendus publics, pour exclure totalement l'hypothèse d'un tir fratricide.
On ignore également si, comme pour le Ponant, Marin Gillier a piloté lui-même l'opération. Encore début avril, il se remettait d'un vilain rhume.
Le GIGN exclu pour la deuxième fois
C'est la troisième opération de ce type, en un an, au large des côtes somaliennes. Commandos marine, agents de la DGSE et GIGN avaient récupéré les otages du Pontant sans heurt, en avril 2008, tandis que les hommes de Marin Gillier se chargeaient, de surcroît, de mettre la main sur la rançon et une partie des pirates, en territoire somalien.
En septembre, l'opération Remora avait permis de libérer un couple de Français à bord du Carré d'As. Une fois encore, commandos marine et agents de la DGSE étaient de la partie, mais déjà, le GIGN avait été sorti de l'équation tactique. C'est encore une fois le cas, avec le Tanit. Le plan Piratmer n'ayant pas été déclenché, aucun protocole n'oligeait à embarquer les gendarmes dans l'opération. Personne n'a donc jugé bon de faire appel à leur capacités en matière d'intervention, de négociation, ou de remise de rançon. Pour autant, évidemment, que la France ait souhaité négocier.

Nos photos : trois clichés pris par la Marine ces dernières heures. Le troisième illustre les contacts pris en vue de la négociation, de visu. Mais selon Hervé Morin, ces contacts auraient été stériles. (crédit : Marine Nationale)